Après l’épisode de froid qui a frappé la France le week-end des 2 et 3 avril, les viticulteurs de Bourgogne ont scruté leurs vignes. S’il est encore trop tôt pour mesurer précisément l’étendue des dégâts, une chose est certaine : le gel a bel et bien eu un impact sur les futures récoltes. Cela pourrait aller jusqu’à -30% dans le chablisien.
Les bourgeons des vignes de Bourgogne ont-ils survécu au passage du gel ? Trois jours après la vague de froid qui a touché le pays entier, au cours du week-end des 2 et 3 avril, il est encore trop tôt pour le dire.
« Pour l’instant, il n’y a pas de recensement des dégâts« , affirme le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). « Les techniciens des chambres de l’agriculture mettent justement la semaine à profit pour le réaliser. »
Du côté de la côte chalonnaise, il semble y avoir eu plus de peur que de mal, selon Laurent Juillot, vigneron à Mercurey. « À première vue, il n’y a pas de gros dégâts. Mais il va falloir attendre quelques jours avant de commencer à les voir apparaître. »
Contacté ce week-end par France 3 Bourgogne, Christophe Ferrari, viticulteur à Irancy, indiquait ne pas installer de protections dans ses vignes. En cause, le coût trop élevé par rapport aux bénéfices.
Trois jours après, ses vignes ont-elles encaissé le gel ? « Il y a eu des dégâts », assure-t-il. « Je me refuse à avancer un chiffre. On saura l’étendue dans 15 jours ou trois semaines. Je m’attends surtout à des dégâts sournois. » L’une de ses craintes : que les bourgeons qui se trouvaient dans le coton au moment de l’épisode de gel ne sortent pas.
Pour autant, Christophe Ferrari s’attend à une meilleure année que 2021… ou en tout cas, une année « moins pire ».
Pour l’appellation, ça va être compliqué de faire pire que l’an dernier. À moins qu’on se prenne un coup de grêle.
Christophe Ferrari, vigneron dans l’Yonne
Dans le chablisien, Jean-François Bordet a lui aussi constaté des dégâts sur ses cultures. Il estime d’ores et déjà avoir perdu 20 ou 30% de sa récolte.
« Même avec -30%, on aura toujours une récolte », explique-t-il. « Mais elle ne sera pas complète. On espérait un gros millésime 2022, pour compenser 2021, mais ça ne sera sûrement pas à la hauteur de nos espoirs.«
Résultat, un ras-le-bol « physique et psychologique » chez les viticulteurs. Après des épisodes récurrents de gel ou de grêle dans le chablisien depuis 2016, une seule vendange complète aurait pu être réalisée dans le chablisien.
C’est dur à vivre, parce que tout le monde est déjà abattu. On sort d’une année catastrophique.
Jean-François Bordet, vigneron dans le chablisien
« Moi, il me manque 3 années, car je protège beaucoup », précise-t-il. « Avec des câbles chauffants, des bougies ou par aspersion… Mais même avec tout ça, il y a des pertes. Et les parcelles non-protégées subissent beaucoup. »
Alors, comment continuer quand les récoltes sont entamées à ce point ? « Eh bien, ça devient compliqué », déplore Jean-François Bordet.
Et le vigneron n’est pas au bout de ses peines. Mardi 5 avril, il a réinstallé des bougies antigel dans ses parcelles, pour se prémunir face à un nouvel épisode attendu en début de semaine prochaine.